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L’ÉCLAIREUR.

— Je le ferai.

— Mon père est un homme sage, fit le grand-prêtre, dont le front s’était éclairci lorsque le chasseur avait parlé de l’offrande des vingt cavales ; le Wacondah le protège.

— Mon fils est bon, se contenta de répondre le Canadien, et il prit congé des deux hommes.

Sur la place, l’Aigle-Volant et Balle-Franche attendaient la sortie des deux aventuriers.

Tout en se dirigeant vers le calli de leur hôte, Bon-Affût expliqua dans tous ses détails son plan à ses compagnons. Du reste, rien n’était plus simple que ce projet, qui consistait à enlever les jeunes filles dès qu’elles seraient placées sur le monticule. Cette chance de succès était la seule possible ; car il ne fallait pas songer à employer la force pour les faire sortir du palais des vierges du Soleil.

Le délai de trois jours fixé par Bon-Affût avant de tenter la réussite de son plan était nécessaire pour expédier l’Aigle-Volant dans sa tribu, afin de chercher des renforts dont on aurait sans doute grand besoin pendant la poursuite qui suivrait sans doute l’enlèvement. Balle-Franche devait en même temps s’éloigner de la ville pour prévenir les gambucinos du jour choisi pour l’exécution du sauvetage, afin d’éviter tout malentendu et embusquer les chasseurs dans de bonnes positions.

Le soir même, l’Aigle-Volant, l’Églantine et Balle-Franche s’embarquèrent, ainsi que cela avait été convenu, dans la pirogue du Loup-Rouge, qui attendait près du pont, d’après l’ordre qu’il en avait reçu de Bon-Affût. L’Églantine devait rester au camp des gambucinos tandis que l’Aigle-Volant, monté sur l’excellent barbe dont il avait si fortuitement hérité de don Estevan, se rendrait en toute hâte à sa tribu.

Lorsque Bon-Affût et don Miguel eurent vu leurs amis s’éloigner dans la pirogue, ils retournèrent au calli d’A-