Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/410

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
400
L’ÉCLAIREUR.

baissa la tête avec confusion, et d’une voix presque Indistincte, il balbutia :

— Mon père est réellement un tlacateotzin, le Wacondah l’inspire, sa science est immense ! Quel est l’homme qui oserait prétendre lui cacher quelque chose ? son œil, plus perçant que celui de l’aigle, sonde les cœurs.

— Maintenant, tu as ma réponse, Loup-Rouge, reprit le chasseur ; retire-toi en paix et ne trouble pas plus longtemps le recueillement dans lequel je suis plongé.

— Ainsi, demanda en hésitant le chef, mon père ne veut rien faire pour moi ?

— Si, je fais beaucoup ?

— Que fait donc mon père ?

— Je te laisse te retirer en paix, lorsque d’un geste il me serait facile de te renverser mort à mes pieds.

L’Indien fit deux ou trois pas afin de se rapprocher du chasseur que de cette façon il toucha presque ; celui-ci, dont l’oreille toujours au guet venait de percevoir un bruit de pas contenus et qui venaient de son côté, ne remarqua pas ce mouvement, car toute son attention était dirigée d’un autre côté.

Mais soudain ses sourcils, qui s’étaient froncés, se détendirent, et un sourire plissa ses lèvres : il avait découvert la cause de ce nouveau mystère.

— Eh bien, dit-il au chef, pourquoi le Loup-Rouge reste-t-il ici, lorsque je lui ai intimé l’ordre de se retirer ?

— Parce que j’ai l’espoir de ramener mon père à avoir pour moi de meilleurs sentiments.

— Mes sentiments pour le chef sont ce qu’ils doivent être ; je ne puis en changer.

— Si, mon père est bon, il viendra en aide au Loup-Rouge.

— Non, te dis-je.

— Mon père ne veut pas me servir ?