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L’ÉCLAIREUR.

impossible d’articuler une parole tant que je n’en serai pas débarrassé.

Lorsqu’on eut consenti à la réclamation du bandit, celui-ci, sans se faire prier, raconta dans les plus grands détails ce qu’il avait appris.

Les révélations du gambucino donnèrent fort à penser à ses auditeurs, qui demandèrent ensuite comment il avait su qu’ils se trouvaient aux environs.

Domingo reprit son récit qu’il compléta en annonçant comment il avait trouvé la bourse à tabac, et comment, après que ses deux compagnons don Mariano et Bon-Affût s’étaient endormis, il les avait quittés pour se mettre à la recherche de don Estevan.

Dans le récit fait par le gambucino une chose surtout frappa vivement don Estevan, c’est que deux de ses plus grands ennemis étaient à quelques pas de lui et qu’ils étaient seuls.

Il se pencha aussitôt à l’oreille du Loup-Rouge et lui dit quelques mots auxquels celui-ci répondit par un sourire sinistre.

Dix minutes plus tard le feu était éteint ; les Apaches, armés jusqu’aux dents, guidés par Domingo, se glissaient à pas de loup dans la forêt et se dirigeaient vers l’endroit où le chasseur et le gentilhomme reposaient tranquillement, ne soupçonnant pas le danger terrible qui les menaçait et la trahison dont ils étaient victimes.

Nous avons raconté comment échoua l’entreprise des Indiens et de quelle façon le misérable Domingo reçut le châtiment de son crime.

Malheureusement il avait eu le temps de parler, et ses paroles avaient été recueillies avec soin.

Lorsque les Apaches eurent reconnu qu’ils avaient affaire à plus forte partie qu’ils ne le supposaient et que ceux qu’ils voulaient surprendre étaient sur leur gardes, ils se