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L’ÉCLAIREUR.

possible à celui qu’ils intéressaient le plus, aussitôt que le hasard les mettrait en présence.

Le soir où Bon-Affût avait découvert cette piste qui l’avait si fort intrigué, le gambucino, en furetant aussi de son côté, avait, au milieu d’un buisson, fait une trouvaille dont il se garda bien de faire part à ses compagnons.

Cette trouvaille n’était autre qu’un sac à tabac de petite dimension, richement brodé en or, ainsi qu’en portent généralement les riches mexicains.

Domingo se rappelait fort bien l’avoir vu entre les mains de don Estevan.

Ce sac avait donc été perdu par lui. Provisoirement il le cacha dans sa poitrine, se réservant de l’examiner plus à loisir, lorsqu’il ne craindrait pas d’être surpris par ses compagnons.

L’Aigle-Volant se lança sur la piste, ainsi que nous l’avons dit plus haut, et ses amis, après avoir allumé le feu, préparé le repas et mangé quelques bouchées, attendirent son retour.

La journée avait été fatigante. L’Indien tardait à revenir ; Bon-Affût et don Mariano, après avoir causé assez longuement entre eux, sentirent leur paupières s’appesantir, leurs yeux se fermer ; bref, ils succombèrent à la fatigue, se laissèrent aller sur le sol, et furent bientôt plongés dans un profond sommeil ; quant à Domingo, depuis plus d’une heure il dormait comme s’il n’avait jamais dû se réveiller.

Cependant il arriva une chose singulière, c’est qu’à peine don Mariano et Bon-Affût eurent fermés leurs yeux, le gambucino ouvrit les siens, et cela si franchement, que tout portait à supposer que son sommeil était feint, qu’au contraire jamais il n’avait été si éveillé.

Il jeta autour de lui un regard soupçonneux et demeura immobile ; mais, au bout de quelques minutes, rassuré par