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L’ÉCLAIREUR.

sortit lentement du calli, en marchant avec toute la majesté et l’importance du sage personnage qu’il représentait.

Du reste, le Canadien n’était pas fâché d’être seul pendant quelque temps, afin de réfléchir aux moyens qu’il emploierait pour se rapprocher des jeunes filles, démarche qui ne lui semblait nullement facile à faire. D’un autre côté, il comptait profiter de la liberté qu’on lui laissait pour aller faire un tour dans la ville en cherchant à s’enquérir des renseignements topographiques dont il avait besoin.

Ignorant comment se terminerait son séjour dans la ville, et de quelle façon il en sortirait, il prit à tout hasard les indications les plus précises sur les plans des rues et des édifices, au double point de vue d’une attaque ou d’une évasion.

Le chasseur avait mis sur son visage un masque si épais d’indifférence et de placidité, ses questions étaient faites d’un air si insouciant, que nul de ceux auxquels il les adressa ne songea à le soupçonner un instant, et, comme cela arrive toujours, il parvint à obtenir, grâce à son adresse, des détails excessivement précieux sur les endroits faibles de la place, comment on pouvait en sortir et y rentrer sans être aperçu après la fermeture des portes, et beaucoup d’autres renseignements non moins précieux que le chasseur classa avec soin dans sa mémoire, et dont il se réserva in petto, le moment venu, de faire bon usage.

À Quiepaa-Tani, il y a bon nombre de gens inoccupés, dont la vie s’écoule à flâner d’un côté et d’un autre, en traînant à leur suite un ennui incurable ; ces gens furent ceux avec lesquels le chasseur lia connaissance pendant sa longue promenade dans la ville, écoutant avec la plus grande patience leurs récits prolixes et décousus ; puis, lorsqu’il était certain d’en avoir tiré tout ce qu’il pouvait, il les lais-