Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
L’ÉCLAIREUR.

— Je dois reconnaître la justesse de votre raisonnement, reprit le bandit avec ironie, mais dame, que voulez-vous ? j’ai toujours eu la manie de chercher à apprendre ce qu’on voulait me cacher.

L’étranger lui lança un regard soupçonneux.

— Et avez-vous depuis longtemps cette manie, mon bon ami ? dit-il.

— Depuis ma plus tendre jeunesse, répliqua-t-il effrontément.

— Voyez-vous cela, vous avez dû apprendre bien des choses alors ?

— Énormément, mon bon seigneur.

Don Stefano se tourna vers Balle-Franche.

— Mon ami, lui dit-il, desserrez donc un peu les liens de cet homme, il y a tout à gagner en sa compagnie : je désire jouir quelques instants de sa conversation.

Le chasseur exécuta silencieusement l’ordre qui lui était donné.

Le bandit poussa un soupir de satisfaction en se sentant moins gêné et se releva sur son séant.

— Cuerpo de Cristo ! s’écria-t-il avec un accent railleur, au moins maintenant la position est tenable, on peut causer.

— N’est-ce pas !

— Ma foi, oui, je suis bien à votre service pour tout ce que vous voudrez, seigneurie.

— Alors je profiterai de votre complaisance.

— Profitez, seigneurie, profitez ; je ne puis que gagner à causer avec vous.

— Croyez-vous ?

— J’en suis convaincu.

— Au fait, vous pourriez avoir raison ; dîtes-moi, à part cette noble curiosité dont vous m’avez si franchement fait l’aveu, n’auriez-vous pas par hasard d’autres petits défauts ?