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L’ÉCLAIREUR.

ces deux femmes ont été confiées à un sachem apache nommé Addick ; mon frère le chasseur a hâte d’arriver à Quiepaa-Tani, parce qu’il redoute une trahison du chef apache, qu’il soupçonne de s’être allié avec l’homme qui a été jugé par les visages pâles pour enlever les deux femmes et les faire disparaître. J’ai dit : ai-je bien compris les intentions de mon frère, ou bien me suis-je trompé ?

Les assistants se regardèrent avec étonnement ; le chef jouit un instant de son triomphe, puis il reprit :

— Maintenant, voici le service que le chasseur veut demander à son frère le sachem comanche :

— Vrai Dieu ! chef, s’écria Bon-Affût, je dois avouer que tout ce que vous avez dit est vrai ! Comment l’avez-vous appris ? je ne sais de quelle façon l’expliquer, bien qu’à la rigueur on en a assez parlé devant vous pour que vous ayez fini par le deviner ; mais quant au service que j’attends de vous, si vous pouvez me le dire, vive Dieu ! je vous reconnaîtrai pour le plus…

— Que mon frère ne s’avance pas trop, interrompit en souriant le chef, de peur qu’il ne me prenne bientôt pour un adepte de la grande médecine — sorcier —.

— Hum ! fit gravement le chasseur, je ne jurerais pas que ce n’est point.

— Och ! mon frère jugera. Aucun visage pâle n’est parvenu jusqu’à ce jour à entrer dans Quiepaa-Tani ; cependant mon frère veut, coûte que coûte, y pénétrer, afin d’obtenir des renseignements certains sur les deux jeunes vierges pâles ; malheureusement mon frère ne sait comment mettre à exécution le projet ni comment il parviendrait à sauver les jeunes filles s’il les voyait en danger. Voilà pourquoi il a pensé à l’Aigle-Volant ; il s’est dit que son frère rouge était un chef, qu’il devait avoir à Quiepaa-Tani des amis ou des parents, que l’entrée du Tzinco — ville, — interdite pour lui à cause de sa couleur, ne l’était pas pour le chef,