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L’ÉCLAIREUR.

solu : Bermudez va retourner sur ses pas, c’est-à-dire à l’endroit où nous avons laissé Juanito ; puis, tous deux, conduisant les chevaux avec eux, rallieront au rendez-vous convenu le détachement de Ruperto et celui de Balle-Franche, si cela est possible, et les amèneront ici. Quel est votre avis, caballeros ? approuvez-vous mon projet ?

— De tous points, répondit don Mariano en s’inclinant.

— Et vous, chef ?

— Mon frère est prudent, ce qu’il fait est bien.

— Quoi ! je vais vous quitter, murmura le pauvre Bermudez en s’adressant à son maître.

— Il le faut mon ami, répondit celui-ci ; mais pas pour longtemps, je l’espère.

— Tachez de vous bien rappeler la route que nous avons suivie, afin de ne pas vous tromper au retour, reprit le chasseur.

— Je tâcherai.

— Eh ! vieux chasseur, dit en ricanant Domingo, pourquoi diable ne m’envoyez-vous pas, moi qui suis une coureur des bois et qui connais le désert sur le bout du doigt, au lieu de ce pauvre homme qui, j’en suis certain, laissera ses os en route ?

Bon-Affût lança au gambucino un regard pénétrant qui lui fit baisser la tête en rougissant.

— Parce que, répondit-il en appuyant avec intention sur chaque mot, ami Domingo, j’ai pour vous une si forte inclination que je ne puis consentir à vous perdre de vue une seule minute ; vous me comprenez, n’est-ce pas ?

— Parfaitement, parfaitement, bégaya le gambucino avec confusion ; il est inutile de vous fâcher, vieux chasseur, je resterai ; ce que j’en disais, c’était dans votre intérêt, voilà tout.

— J’apprécie votre offre comme elle le mérite, répondit en raillant le Canadien, n’en parlons plus. Et il continua