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L’ÉCLAIREUR.

à cause de leur organisation intellectuelle qui les élève à peine au-dessus de la brute.

Il ne faut pas confondre ces peuplades d’ilotes qui ne sont que des exceptions dans l’espèce, avec les grandes nations indomptées dont nous essayons ici de décrire les mœurs, mœurs qui se modifient sans cesse ; car, malgré les efforts qu’elles font pour se soustraire à son influence, la civilisation européenne qu’elles méprisent plutôt encore par haine héréditaire de leurs conquérants et de la race blanche en général que pour tout autre motif, les cerne, les accable et les envahit de toutes parts.

Peut-être avant cent ans les Indiens émancipés qui sourient de pitié à la vue des luttes mesquines que se livrent entre elles les républiques, fantômes qui les entourent, et le colosse pygmée des États-Unis qui les menace, reprendront leur rang dans le monde et porteront haut la tête ; et ce sera justice, car ce sont d’héroïques natures richement douées, capables, bien dirigées, d’entreprendre et de mener à fin de grandes choses.

Au Mexique même, depuis l’époque où à la male heure ce pays a proclamé sa soi-disant indépendance, tous les hommes éminents qui ont surgi soit dans les arts, soit dans la diplomatie, soit dans la guerre, appartiennent à la race indienne pure. À l’appui de ce dire, nous citerons un seul fait d’une immense signification : la meilleure histoire de l’Amérique du Sud qui ait été publiée en espagnol jusqu’à ce jour a été écrite par un Inca : Garcilasso de la Véga ! Cela n’est-il pas concluant ; n’est-il pas temps de faire justice de toutes ces théories systématiquement absurdes qui s’obstinent à représenter la race rouge comme une race bâtarde, incapable d’amélioration et fatalement appelée à disparaître !

Terminant ici cette digression beaucoup trop longue, mais qui était indispensable pour l’intelligence des faits qui