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L’ÉCLAIREUR.

— Le conseil de Balle-Franche est bon, lui dit-il ; dans les circonstances présentes, c’est le seul que nous puissions suivre : il nous faut jouter de ruse avec nos adversaires, afin de déjouer leurs fourberies. Laissez-moi ce soin ; ce n’est pas en vain que l’on me nomme l’Éclaireur ; je vous jure, sur ma vie, que je vous ramènerai les jeunes filles.

L’aventurier poussa un soupir.

— Faites donc comme vous l’entendrez, dit-il d’une voix triste, puisque je suis réduit à l’impuissance.

— Bien, don Leo, s’écria don Mariano, je reconnais que vos intentions sont réellement loyales, je vous remercie de votre abnégation ; quant à vous, mon brave ami, ajouta-t-il en se tournant vers Bon-Affût, bien que je sois vieux et peu habitué à la vie de désert, je veux vous accompagner.

— Votre désir est juste, monsieur, je n’ai pas le droit de m’y opposer, puisque c’est votre fille que je vais essayer de sauver ; les fatigues que vous endurerez et les périls que vous courrez pendant cette expédition ajouteront encore au bonheur que vous éprouverez à embrasser votre enfant, lorsque je serai parvenu à vous la rendre.

— Maintenant, dit Balle-Franche, vous, Bon-Affût, qui connaissez la direction que vous allez suivre, indiquez-nous un rendez-vous où nous puissions nous réunir lorsque chacun de nous aura accompli la tâche dont il se charge.

— C’est vrai, répondit le Canadien, ceci est important ; il serait même bon qu’un détachement de la cuadrilla de don Miguel se rendit directement au rendez-vous que nous allons choisir, afin qu’en cas de malheur chaque troupe put y trouver un secours ou une réserve.

— En effet, quinze de mes hommes les plus résolus iront immédiatement camper au lieu que vous désignerez, Bon-Affût, fit don Miguel, afin d’être prêts à se porter partout où leur présence sera nécessaire.

— C’est une guerre en règle que nous faisons, ne l’ou-