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L’ÉCLAIREUR.

la médecine ; ce sac contient les simples dont ces hommes primitifs se servent afin de guérir les blessures qu’ils reçoivent dans les combats, leurs instruments de chirurgie et les poudres destinées à couper les fièvres.

Après avoir examiné la blessure de Balle-Franche, le chef hocha la tête avec satisfaction, et il se mit immédiatement en devoir de la panser. Avec un instrument tranchant fait d’une pierre d’obsidienne aiguisée et coupant comme un rasoir, il commença d’abord, aidé par l’Églantine, par raser les cheveux autour de la plaie ; ensuite il fouilla dans son sac à la médecine, en tira une poignée de feuilles d’oregano qu’il pila et pétrit avec soin, avec de l’eau-de-vie de Barcelone nommé refino. Nous ferons remarquer ici que, dans tous les médicaments indiens, l’eau-de-vie joue un grand rôle ; il ajouta à ce mélange un peu d’eau et de sel, forma du tout une pâte assez compacte, et après avoir lavé la plaie à deux reprises avec de l’eau coupée de refino, il appliqua dessus cette espèce de cataplasme, en l’assujettissant avec des feuilles d’abanijo.

Ce remède si simple produisit un effet presque instantané : au bout de dix minutes au plus, le chasseur poussa un soupir, ouvrit les yeux, et se redressa en regardant de tous les côtés, comme un homme réveillé en sursaut d’un profond sommeil, et qui ne se rend pas encore bien compte des objets extérieurs.

Cependant Balle-Franche était un homme doué d’une organisation trop solide pour que cet état durât longtemps ; bientôt il parvint à remettre de l’ordre dans ses idées, se souvint de ce qui s’était passé, et de la trahison dont il avait été la victime de la part de l’homme qu’il avait sauvé.

— Merci, Peau-Rouge, dit-il d’une voix faible encore, en tendant la main au chef.

Celui-ci la serra cordialement.