Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
L’ÉCLAIREUR.

les yeux étaient incessamment fixés sur lui, un signe que la jeune femme comprit, et il se glissa silencieusement au milieu des buissons, où il disparut sans que nul ne s’occupât de son absence.

Après avoir marché pendant environ vingt minutes dans la forêt, se jugeant probablement assez éloigné, le chef s’arrêta, et se tourna vers sa femme qui ne l’avait pas quitté d’un pas.

— Laissons les visages pâles, dit-il, accomplir leur œuvre ; L’Aigle-Volant est un guerrier comanche, il ne doit pas intervenir davantage entre eux.

— Le chef retourne dans son village ? demanda timidement l’Églantine.

L’Indien sourit d’un air fin.

— Tout n’est pas fini encore, répondit-il, l’Aigle-Volant veillera sur ses amis.

La jeune femme baissa la tête, et voyant que l’Indien s’était astis, elle se prépara à allumer le feu du campement. Le chef l’arrêta d’un geste.

— L’Aigle-Volant ne veut pas être découvert, reprit-il ; que ma sœur prenne place à ses côtés, et qu’elle attende ; un ami est en péril à cette heure.

En ce moment il se fit, non loin de l’endroit où les deux Peaux-Rouges étaient arrêtés, un grand bruit de branches cessées et froissées dans le taillis.

L’Indien prêta attentivement l’oreille pendant quelques minutes, le corps penché vers le sol.

— L’Aigle-Volant revient, dit-il en se relevant.

— L’Églantine l’attendra, répondit la jeune femme en lui jetant un doux regard.

Le chef déposa auprès de sa compagne les armes qui auraient pu le gêner dans l’exécution du projet qu’il méditait ; il ne garda que sa reata qu’il lova avec soin dans sa main droite, et se dirigea à pas de loup dans la direction du