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L’ÉCLAIREUR.

moi ; nous avons immédiatement résolu de sauver ce cavalier si cela nous était possible ; nous savions qu’il devait passer ici, puisqu’il avait un rendez-vous avec l’un des deux individus que le hasard ou plutôt la Providence nous faisait si singulièrement écouter. Deux hommes, quelque braves qu’ils soient, sont bien faibles contre une vingtaine de bandits, cependant nous ne perdîmes pas courage, résolus, si Dieu ne nous envoyait pas d’auxiliaires, à tenter bravement l’aventure à nous deux, d’autant plus que les gens dont nous surprenions les sanglants projets nous semblaient être d’atroces coquins ; cependant sur l’avis du chef, j’allumai le feu, certain que, si le hasard amenait quelque voyageur de ce côté, la fumée lui servirait de phare et l’amènerait incontestablement ici ; vous voyez, caballero, que je ne me suis pas trompé dans mes prévisions, puisque vous êtes venu.

— Et j’en suis heureux, répondit chaleureusement don Mariano ; je m’associe de grand cœur à votre projet, qui me semble de tout point émaner d’un cœur loyal et bon.

— Ne me faites pas meilleur que je ne suis, caballero, répondit le chasseur, je ne suis qu’un pauvre diable de coureur des bois, fort ignorant des choses des villes, seulement je me laisse, en toutes circonstances, guider par les inspirations de mon cœur.

— Et vous avez raison, car elles sont saines et justes ; disposez de moi comme vous l’entendrez ; je me mets à votre disposition pour tout ce que vous jugerez convenable de faire.

— Merci ; maintenant nous sommes en force, si nombreux qu’ils soient, je vous certifie que les picaros verront beau jeu ; mais nous avons encore du temps devant nous : reposez-vous, dormez quelques heures ; lorsque le moment