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une si grands opiniâtreté ; car ordinairement, lorsqu’ils subissent un échec, loin de s’acharner à continuer un combat sans résultat avantageux possible pour eux, ils se retirent immédiatement et cherchent leur salut dans une prompte fuite ; mais cette fois leur façon de combattre était complétement changée, il semblait que plus ils reconnaissaient l’impossibilité de vaincre, plus ils mettaient d’amour-propre à résister.

Le comte, toujours en avant de ses compagnons, qu’il excitait du geste et de la voix, cherchait à se rapprocher de Mixcoatzin, qui, toujours caracolant sur son cheval noir, accomplissait des prodiges de valeur qui électrisaient les siens, et menaçait, sinon de changer la face du combat, du mois de le faire durer longtemps encore.

Mais, chaque fois que le hasard le plaçait en face du chef et qu’il se préparait à fondre sur lui, un flot de combattants, refoulé par les hasards de la lutte, se jetait devant lui et neutralisait ainsi ses efforts.

De son côté, le sachem s’efforçait de se rapprocher du comte, avec lequel il brûlait de se mesurer, persuadé que, s’il parvenait à renverser le chef des visages pâles, ceux-ci seraient frappés de terreur et lui abandonneraient le champ de bataille.*

Enfin, comme d’un commun accord, les blancs et les Indiens firent quelques pas en arrière pour se préparer, sans doute, à un choc décisif, ce fut alors que, pour la première fois depuis le commencement du combat, le comte et le sachem se trouvèrent enfin face à face.

Les deux hommes se lancèrent un regard étin-