Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reculer d’un pouce, en répondant à leurs hurlements féroces par le cri unanime de :

— Vive la France !

Cri qui devait, avant peu, être poussé en plein soleil et les guider à une éclatante victoire.

Désormais, la guerre était déclarée de fait ; la première amorce était brûlée, les Français avaient senti la poudre, les Mexicains allaient apprendre, à leurs dépens, quels rudes ennemis ils s’étaient follement mis sur les bras.

Cependant les Peaux-Rouges, guidés et animés par leur chef, combattaient avec un acharnement inouï. La plupart des Français qui composaient la compagnie ne connaissaient pas la façon de se battre des Indiens ; c’était la première fois qu’ils avaient affaire à eux. Tout en leur résistant vaillamment et en leur infligeant des pertes terribles, ils ne pouvaient s’empêcher d’admirer l’audacieuse témérité de ces hommes qui, demi-nus, munis de mauvaises armes, se ruaient sur eux avec un courage invincible, et qui ne tombaient que morts.

Soudain une seconde troupe, plus nombreuse que la première et entièrement composée de cavaliers, fit irruption sur le champ de bataille et vint soutenir l’effort des assaillants.

Ceux-ci, en se sentant soutenus, redoublèrent de cris et d’efforts, la mêlée devint terrible, les combattants luttèrent corps à corps, se déchirant comme des bêtes fauves.

Les clairons et les tambours français sonnaient vigoureusement la charge.

— Une sortie ! une sortie ! criaient les aventuriers,