Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Señor conde ! dit-il d’une voix haletante, et il s’arrêta.

— Eh bien, demanda le comte, que signifient ces cris que j’ai entendus ?

— Señor, reprit don Cornelio avec effort, le général Guerrero, accompagné de sa fille, de plusieurs autres dames, d’une dizaine d’officiers et d’une nombreuse escorte, demande à être introduit auprès de vous.

— Qu’il soit le bienvenu ; il consent donc enfin à traiter directement avec moi !

Don Cornelio se retira, afin de transmettre l’ordre qu’il avait reçu ; bientôt une brillante cavalcade, en tête de laquelle se tenait le général Guerrero, entra dans la Mission.

Le général était pâle, il avait les sourcils froncés ; on devinait qu’il ne contenait qu’avec peine une sourde colère qui bouillonnait dans son cœur.

Les aventuriers, diversement groupés et fièrement drapés dans leurs guenilles, regardaient avec curiosité ces beaux officiers mexicains si pimpants, si vains et si chamarrés d’or, qui laissaient à peine tomber sur eux des regards de mépris.

Le comte fit quelques pas au-devant du général, et se découvrant par un mouvement empreint d’une suprême élégance :

— Soyez le bienvenu, général, dit-il de sa voix sympathique ; je suis heureux de recevoir votre visite.

Le général ne toucha même pas du bout du doigt son chapeau empanaché ; mais arrêtant brusquement son cheval à deux pas au plus du comte :

— Qu’est-ce à dire, monsieur ? s’écria-t-il d’une