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— Tope ! s’écria-t-il ; mais reprit-il au bout d’un instant, où est la somme ?

— Me croyez-vous assez niais pour vous la payer d’avance ?

— Dame ! il me semble…

— Allons donc, vous êtes fou, compadre. Maintenant que nous nous entendons, laissez-moi vous délier, la liberté vous éclaircira les idées.

Et il défit les tours de la reata ; el Buitre se releva aussitôt, frappa du pied pour rétablir la circulation du sang, et se tournant enfin vers le chasseur qui l’examinait en riant, les mains croisées sur le canon de son rifle.

— Au moins vous avez une garantie à me donner ? lui dit-il.

— Oui, et une bonne !

— Laquelle ?

— La parole d’un honnête homme.

Le bandit fit un geste.

Valentin continua sans paraître s’en apercevoir.

— Je suis celui que les blancs et les Indiens ont surnommé le Chercheur de pistes ; mon nom est Valentin Guillois.

— Vous ! c’est vous s’écria avec une émotion étrange el Buitre ; c’est vous qui êtes le Chercheur de pistes ?

— C’est moi, répondit simplement Valentin.

El Buitre marcha de long en large sur la plateforme à pas précipités, murmurant à voix basse des mots entrecoupés, en proie enfin à une émotion terrible.

Soudain, il s’arrêta devant le chasseur.

— J’accepte, dit-il d’une voix brève.