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Valentin était auprès de lui, ainsi que le père Séraphin. Le chasseur avait obtenu de ne pas quitter son frère de lait jusqu’à son dernier soupir.

Le comte reçut don Antonio avec un visage glacial ; il se contenta de hausser les épaules avec mépris, lorsque celui-ci voulut chercher à se disculper et à atténuer ce que sa conduite avait eu de répréhensible.

Il lui remit divers papiers, et l’interrompant brusquement au milieu d’une phrase assez embrouillée, dans laquelle il cherchait à prouver combien il était innocent de tout ce qu’on lui imputait :

— Écoutez-moi, monsieur, lui dit-il sèchement, je veux bien, si cela peut vous servir à quelque chose, vous donner une lettre dans laquelle je reconnaîtrai que vous avez toujours été parfait pour moi, mais à une condition.. •

— Laquelle, monsieur le comte ? dit-il vivement.

— Je ne veux pas être fusillé à genoux et les yeux bandés ; vous m’entendez, monsieur : je veux regarder la mort en face ! Arrangez cela avec le gouverneur. Allez !

— Cette faveur vous sera accordée, je vous le certifie, monsieur le comte, répondit-il, heureux d’en être quitte à si bon compte.

Il sortit et tint parole.

Qu’importait aux ennemis du comte qu’il mourût debout ou à genoux, les yeux bandés ou non ? Le principal pour eux était qu’il mourût.

Le général Guerrero profita de cette occasion pour paraître généreux à peu de frais.

Le surlendemain, Valentin amena avec lui doña Angela ; la jeune fille avait revêtu cette robe de moine qu’elle avait déjà portée dans une circonstance grave.