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— Elle-même. Mais il est inutile que nous nous dérangions, la voici.

En effet, en ce moment, l’avant-garde française déboucha dans la Mission.

D’après les traités passés avec la société Atrovida, quarante mille rations devaient être préparées à la Mission pour la compagnie française.

Le comte avait remis le commandement au colonel Florès, avec ordre de faire diligence, et accompagné de Valentin, de Cornelio et de Curumilla, il avait poussé en avant.

Malheureusement, la société, n’avait pas rempli ses engagements avec la loyauté que le comte était en droit d’attendre d’elle ; au lieu de quarante mille rations, il n’en avait trouvé que la moitié environ, rangées avec une certaine symétrie dans une cabane en ruines.

Ce manque de parole était d’autant plus préjudiciable aux intérêts de l’expédition que le comte, grâce à cette manœuvre perfide, se trouvait presque dans l’impossibilité de pousser plus loin, puisqu’il allaient quitter définitivement les terres habitées et cultivées pour s’enfoncer dans le désert.

Au reste, depuis le départ de la compagnie de Guaymas, le mauvais vouloir des Mexicains avait en toutes circonstances été si évident qu’il avait fallu à don Luis une énergie surhumaine et une volonté de fer, pour ne pas tomber dans le découragement et ne pas se retirer devant ces obstacles semés sous ses pas comme à plaisir avec une animosité sans égale.

Cependant, jusqu’alors les Mexicains n’avaient pas osé manquer aussi effrontément à leurs engagements ; il fallait qu’ils se sentissent bien forts, ou du