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Les délégués se retirèrent exaspérés de la fourberie de l’homme auquel ils avaient eu la faiblesse de se fier, et qui maintenant leur prouvait qu’il les avait constamment joués.

Les volontaires attendaient avec anxiété la réponse que devaient leur apporter leurs délégués. Lorsque ceux-ci eurent rapporté ce qui s’était passé, l’exaspération fut à son comble ; le cri aux armes fut poussé et chacun se prépara au combat.

Le chef du bataillon ne savait auquel entendre.

— Faites former le carré, lui dit le comte.

L’ordre s’exécuta.

Le comte se plaça au centre du carré et leva la main pour demander le silence.

Chacun se tut.

Le moment était solennel, tous le comprenaient. Malgré lui, une certaine hésitation se peignait sur le noble visage du comte ; non pas qu’il craignît pour lui personnellement, mais il sentait que c’était sa dernière partie qu’il allait jouer, que cette partie devait être décisive. Chacun avait les yeux fixés sur lui.

— Vous hésitez, comte, lui dit un officier. Pourquoi êtes-vous donc venu ? N’êtes-vous plus l’homme d’Hermosillo ?

À cette piquante interpellation, une vive rougeur empourpra les traits du comte, il tressaillit violemment.

— Non, s’écria-t-il, non, vive Dieu ! je n’hésite pas ! Mes amis, réfléchissez, il en est temps encore ; songez que l’épée une fois hors du fourreau, nous sommes hors la loi. Que voulez-vous ?

— Bataille ! bataille ! crièrent les volontaires en brandissant leurs armes avec enthousiasme.