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intérêt à le faire. Je sais ce que vous allez me dire ; que vous m’avez rendu de grands services. Qu’est-ce que cela prouve, si vous m’avez en un seul jour fait plus de mal que vous ne m’avez fait de bien dans tout le cours de nos relations ?

— Je vous ai fait du mal, moi ? Vous mentez, misérable !

— Monsieur le comte, répondit don Cornelio d’un ton de hauteur, je vous ferai observer que je suis gentilhomme et que je ne puis admettre que vous me parliez comme vous le faites.

— Ce drôle est fou, sur mon âme, s’écria le comte avec un rire de pitié ; laisse-le aller, frère, il est indigne de notre colère il ne mérite que notre mépris.

— Non pas ! répliqua vivement Valentin ; cet homme est l’âme damnée du général ; nous ne pouvons le renvoyer ainsi.

— Mais qu’en ferons-nous ? tôt ou tard nous serons obligés de le relâcher.

— C’est possible, provisoirement nous le confierons à Curumilla, qui se chargera de le garder.

L’Indien fit un geste d’assentiment et saisissant don Cornelio, il l’entraîna.

Celui-ci se laissa faire sans opposer la moindre résistance.

— Au revoir, messieurs, dit-il avec un sourire railleur.

L’Indien lui jeta un regard d’Une expression indéfinissable et le fit passer dans une autre pièce.

Doña Angela sortit de derrière le moustiquaire qui la cachait.

— Je vous attends, don Luis, dit-elle.