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profond désespoir de se voir réduit à l’impuissance et de perdre le fruit de ses travaux et de ses fatigues.

Le capitaine de Laville, le seul homme auquel il aurait pu se fier en ce moment, était atteint de la même maladie que son chef, et, comme lui, incapable d’agir.

Le señor Pavo profita habilement de cette position pour répandre des germes de désaffection parmi les Français.

Le comte était l’âme de la compagnie, le seul lien qui la faisait compacte et unie ; s’il manquait, tout manquait à la fois.

Alors un système fut organisé dans l’ombre par le señor Pavo. Ce système consista en démonstrations continuelles de la part des aventuriers, qui, à chaque heure du jour, venaient les uns après les autres exposer au comte les griefs les plus ridicules et le menacer de l’abandonner. Enfin les choses en vinrent à un tel point, qu’il fallut prendre un parti définitif.

Deux moyens se présentaient.

Le premier, de renoncer aux bénéfices de la victoire d’Hermosillo et de se mettre en retraite sur Guaymas ; ce moyen était suggéré an comte par le représentant français le señor don Antonio Mendez Pavo.

Le second était d’attendre à Hermosillo, en se maintenant par la force et même par la terreur et en s’exposant à soutenir un siége, les secours qui ne pouvaient tarder d’arriver de Californie, où ils s’organisaient rapidement, tant la nouvelle de l’éclatante victoire remportée par le comte avait électrisé les