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lieu des fourrés, bondit comme un jaguar et vint intrépidement se placer aux côtés du missionnaire.

— Curumilla ! s’écria celui-ci.

— Oui, répondit le chef, c’est moi, courage ! nos amis arrivent

En effet, on entendait un bruit sourd et continu qui augmentait rapidement. Les inconnus n’y avaient pas encore fait attention, occupés par leur discussion avec le missionnaire.

Cependant la situation se compliquait ; le père Séraphin comprenait que tant qu’un coup de pistolet ne serait pas tiré, il resterait presque maître de la situation, certain, d’après les paroles de Curumilla, de voir arriver un prompt secours. Sa résolution fut prise aussitôt ; il ne s’agissait que de gagner du temps, il l’essaya.

— Voyons, messieurs, dit-il, vous le voyez maintenant, je ne suis plus seul ; Dieu m’a envoyé un brave auxiliaire, ma situation n’est donc plus aussi désespérée. Voulez-vous parlementer ?

— Parlementer !

— Oui.

— Soyez bref.

— Je tâcherai. D’après ce que je suppose, à la façon dont vous m’avez interpelé, vous êtes sans doute des salteadores. Eh bien, voyons : Vous me tenez à peu près dans vos mains, vous le pensez du moins ; ne soyez pas trop exigeants ; songez que je ne suis qu’un pauvre missionnaire, et que ce que je possède est le bien des malheureux. Combien voulez-vous pour ma rançon, répondez ; je suis prêt à faire tous les sacrifices compatibles avec ma position ?

Le père Séraphin aurait pu parler ainsi long-