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— Ce que vous avez à me dire ne pourrait-il donc être entendu de cette jeune fille qui m’est dévouée ?

— Dieu me garde, mademoiselle, de chercher à diminuer la confiance que vous avez en cette enfant, mais permettez-moi de vous donner un conseil.

— Je vous écoute.

— Il est souvent dangereux d’avoir pour confidents de ses secrètes pensées des gens placés au-dessous de soi.

— Oui, cela peut être vrai en principe, mon père, mais je ne discuterai pas, veuillez être assez bon pour m’expliquer la cause de votre visite.

— Je suis désolé, mademoiselle, de vous avoir affligée sans le vouloir ; pardonnez-moi une observation que vous avez trouvée indiscrète, et Dieu permette que je me sois trompé.

— Non, mon père, non, je n’ai pas trouvé votre observation indiscrète ; mais je suis une enfant gâtée, c’est moi qui vous adresse toutes mes excuses.

En ce moment, un bruit de chevaux se fit entendre dans le camp.

La camérista souleva le rideau.

— Don Luis arrive, dit-elle.

— Qu’il vienne, qu’il vienne à l’instant ! s’écria doña Angela.

Le missionnaire la suivait du regard avec une expression de douce pitié.

Quelques minutes plus tard, don Luis et Valentin entrèrent dans le jacal.

Le chasseur s’approcha du missionnaire, et lui serra la main avec effusion.