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— Déclarez hautement, franchement, énergiquement votre indépendance ; séparez-vous résolûment du Mexique, formez la confédération sonorienne et appelez à vous l’émigration française de Californie ; elle ne restera pas sourde à votre appel, elle viendra vous aider non-seulement à conquérir, mais encore à maintenir votre indépendance contre vos ennemis du dehors et ceux du dedans. Les Français que vous adopterez deviendront vos frères ; ils ont la même religion, presque les mêmes coutumes que vous, en un mot, vous appartenez à la même race ; vous vous entendrez facilement ; ils sauront poser une digue infranchissable à l’invasion nord américaine, faire respecter vos frontières par les Indiens et obliger les Mexicains à reconnaître le droit que vous aurez proclamé, d’être libres.

— Mais, objecta un des assistants, si nous appelons à nous les Français, que nous demanderont-ils ?

— Le droit de cultiver vos terres qui sont en friche, répondit énergiquement le comte, d’apporter chez vous le progrès, les arts et l’industrie, en un mot, de peupler vos déserts, d’enrichir vos villes et de civiliser vos campagnes ; voilà ce que vous demanderont les Français ; est-ce trop ?

— Non, certes, ce n’est pas trop, dit don Anastasio au milieu d’un murmure d’assentiment.

— Mais, objecta un autre, qui nous assure que, lorsque le moment sera venu de régler nos comptes avec les colons que nous aurons appelés à notre aide, ils rempliront fidèlement les promesses qu’ils nous auront faites et ne prétendront pas à leur tour, abusant de leur nombre et de leur force, nous dicter des lois ?