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de leurs ergots, on les leur remplace par des éperons artificiels faits avec une lame d’acier poli, longue d’environ trois pouces, sur à peu près un demi-pouce de large à la base, légèrement recourbée par en haut, se terminant en pointe aiguë, et ayant la tranche supérieure affilée. Ces éperons sont fortement fixés à la jambe au moyen de fermoirs.

Ainsi disposés au combat, les coqs sont promenés dans l’arène par les dresseurs, qui les tiennent en l’air et les soumettent à l’inspection des spectateurs afin que ceux-ci organisent leurs paris.

Or, l’argent qui se risque ainsi sur un coq est incroyable ; il y a des hommes qui se ruinent en paris.

Au moment où les Français entrèrent, le spectacle était commencé depuis longtemps déjà, en sorte que toutes les meilleures places étaient prises, et l’arène remplie de spectateurs debout et pressés les uns contre les autres.

Mais comme nos personnages n’étaient nullement venus avec l’intention de prendre une part active au divertissement, ils allèrent modestement s’asseoir sur le mur de l’enceinte, où s’était réfugiée une guirlande de leperos déguenillés, trop pauvres pour parier, mais qui regardaient de là avec des regards d’envie et des trépignements de sourde colère les heureux privilégiés de la fortune qui s’agitaient et se bousculaient à leurs pieds avec des cris et des exclamations.

Le tumulte était alors à son comble, tous les yeux étaient fixés sur l’arène, où, chose extraordinaire, un seul coq venait d’en battre neuf les uns après les autres.

Les Français profitèrent habilement de cette effer-