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Les habitants de la Sonora, assez indifférents pour le gouvernement et ne se souciant pas de se mêler à la querelle particulière du général, qui cherchait vainement à la métamorphoser en question nationale, étaient tranquillement demeurés chez eux et n’avaient nullement répondu à l’appel soi-disant patriotique de leur chef ; d’autant plus que, depuis près de quatre mois que les Français étaient débarqués en Sonora et qu’ils parcouraient les routes, leur conduite envers les populations avait toujours été exemplaire, et que jamais la moindre plainte ne s’était élevée contre eux.

Le général, désappointé du mauvais succès de ses machinations, avait alors changé de batteries ; il avait procédé militairement au moyen de levées et d’enrôlements forcés ; puis, ne se contentant pas de cela, il avait traité avec les Indiens Hiaquis et les Indiens Opatas, afin d’augmenter encore son armée.

Il avait voulu aussi, dans le principe, enrôler les Apaches, mais la rude leçon que les Français avaient infligée à ceux-ci les avait dégoûtés de la guerre, et ils s’étaient retirés dans leurs déserts sans vouloir prêter l’oreille à aucune nouvelle proposition.

Cependant le général Guerrero avait réussi à réunir des forces imposantes ; son armée montait à environ douze mille hommes, chiffre énorme, si on songe au petit nombre de combattants que son ennemi pouvait mettre en ligne.

Pourtant le général, rendons-lui cette justice, malgré ses forfanteries sans nombre, les marches et les contre-marches continuelles qu’il exécutait, avait pour son ennemi un respect instinctif, ou, si l’on aime mieux, une crainte parfaitement raisonnée, qui