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dans son zarapé et s’étendit auprès de don Cornelio, en disant d’un ton bourru :

— Bonsoir.

— Bonsoir, frère, répondit Valentin en souriant.

Dix minutes plus tard, malgré sa mauvaise humeur, Louis, vaincu par la fatigue, dormait comme s’il n’eût plus dû se réveiller.

Valentin laissa encore un quart d’heure s’écouler avant de faire un mouvement, puis il se leva doucement, s’approcha à pas de loup de son frère de lait, se pencha sur lui et l’examina attentivement pendant deux ou trois minutes.

— Enfin ! murmura-t-il en se redressant, j’avais peur qu’il ne s’obstinât à veiller et à me tenir compagnie.

Le chasseur passa dans sa ceinture les pistolets qu’il avait déposés à terre, jeta son rifle sur son épaule, et enjambant avec précaution par-dessus les pierres et les décombres de toute sorte qui encombraient le sol, il s’éloigna rapidement, quoique sans bruit, et ne tarda pas à disparaître dans les ténèbres.

Il marcha ainsi pendant environ dix minutes, et gagna un épais fourré d’arbres du Pérou et de mezquites. Arrivé là, il s’abrita derrière un buisson, et après avoir d’un coup d’œil perçant soigneusement exploré les environs, il siffla doucement à trois reprises, en ayant soin de laisser une distance égale entre chaque sifflement.

Au bout de deux ou trois minutes, le cri de l’épervier d’eau s’éleva à deux reprises différentes du sein des palétuviers qui bordaient la rive du fleuve à quelques pas à peine de l’endroit où se tenait le chasseur.