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— Permettez, colonel ; mais avant de nous dire ce qu’on nous propose, peut-être serait-il plus convenable de nous expliquer les raisons qui engagent le gouvernement à nous faire ces propositions, observa de Laville.

— Mon Dieu, monsieur, ces raisons, vous les connaissez sans doute aussi bien que moi.

— Pardonnez-moi, monsieur, nous les ignorons complétement, et nous vous serons fort obligés de nous les dire.

Le comte et Valentin étaient immobiles comme des statues ; ces deux figures sombres inquiétaient extraordinairement le colonel.

— Ces raisons sont bien simples, dit-il.

— Je n’en doute pas ; veuillez les exposer.

— La lettre que voici, dit-il en remettant au capitaine un pli cacheté, vous édifiera complétement à ce sujet.

De Laville prit le papier, le décacheta et le lut rapidement des yeux, puis le froissant avec colère dans ses mains :

— Colonel, lui dit-il d’une voix ferme, le gouverneur de la Sonora oublie que la colonie de Guetzalli ne renferme que des Français, c’est-à-dire pas un traître. Nous avons gardé notre nationalité bien qu’établis en ce pays, et si les lois mexicaines ne nous veulent pas protéger, nous nous réclamerons de notre ministre à Mexico, et au besoin nous saurons nous protéger nous-mêmes.

— Monsieur, ces menaces… interrompit le colonel.

— Ce ne sont pas des menaces, continua énergiquement le jeune homme. Le général Guerrero