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Le nombre des colons était fort diminué, de nombreuses désertions avaient eu lieu ; cependant Guetzalli comptait encore environ deux cents Français.

Il était de la dernière importance pour les chercheurs d’or de conserver la colonie, seule place où, lorsqu’ils seraient à la mine, il leurs fût possible de se ravitailler ; car nous l’avons dit, Guetzalli, sentinelle avancée de la civilisation, avait été fondée à l’extrême limite du désert.

Cette position choisie d’abord dans le but de maintenir plus facilement les Indiens et de s’opposer efficacement à leurs incursions périodiques sur le territoire mexicain, devenait précieuse dans le cas présent par la facilité qu’elle donnait aux aventuriers de se fournir de tout ce dont ils auraient besoin, sans avoir recours à d’autres qu’à eux-mêmes, ce qui leur permettait, en outre de conserver secrète la découverte du placer, du moins assez longtemps, grâce à l’éloignement des pueblos de la frontière, pour que le gouvernement mexicain ne pût, malgré toute sa rapacité, intervenir et prélever, suivant son usage habituel, la part du lion.

Le capitaine ne voulait pas non plus complétement dégarnir la colonie, qu’il fallait laisser dans une position respectable et à l’abri d’un coup de main des Apaches et des Comanches, ces implacables ennemis des blancs, toujours sur le qui-vive et toujours prêts à profiter de leurs moindres fautes. De Laville arrêta donc que l’expédition se composerait de quatre-vingts hommes bien montés et bien armés et que les autres demeureraient à la garde de la colonie.

Seulement, pour éviter toute dissension et toute