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vons pas demeurer dans la situation où nous nous trouvons, situation qui s’aggrave à chaque instant et qui menace de devenir bientôt intolérable. Quel est le remède au mal ?

— Le remède est facile à trouver, reprit vivement le jeune homme, est-ce donc à moi à vous le montrer ?

— Oui, oui ! s’écrièrent-ils tous.

— Eh bien, soit, j’y consens. Écoutez-moi donc.

Il se fit immédiatement un silence de plomb.

— Nous sommes deux cents hommes forts, résolus, intelligents ; ne pouvons-nous donc pas trouver parmi nous un chef digne de nous commander ? Nous avons perdu l’homme qui jusqu’ici nous a guidés, est-ce à dire pour cela que, lui mort, nul ne pourra le remplacer ? Cette supposition serait absurde. Le comte de Lhorailles n’était pas immortel, tôt ou tard nous devions nous attendre à le perdre, malheureusement cette catastrophe prévue est arrivée plus tôt que nous le croyions. Est-ce une raison pour nous laisser démoraliser et nous laisser abattre ? Non, redressons-nous, au contraire, relevons la tête, reprenons courage et élisons pour chef l’homme qui nous offrira le plus de garanties d’intelligence et de loyauté. Un tel homme est facile à trouver parmi nous. Voyons, compagnons, plus de délais, de tergiversations, votons, séance tenante ; lorsque notre chef sera nommé et reconnu par tous, nous ne craindrons plus ni périls ni souffrances, car nous aurons une tête pour nous guider et un bras pour nous soutenir.

Ces dernières paroles portèrent au comble la joie et l’enthousiasme des colons.

Le caractère des Français est ainsi : un rien leur