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dans leurs espérances, lorsqu’en débarquant au Mexique, cette terre classique de la richesse, le comte, au lieu de les guider vers les mines d’or ou d’argent qu’ils auraient exploitées et dans lesquelles ils auraient puisé à pleines mains, les avait conduits sur la frontière mexicaine, et là, les avait contraints à labourer la terre, en un mot, avait fondé une colonie agricole.

Aussi le premier moment de stupeur passé, chaque colon agissant sous l’impression de sa propre volonté, commença-t-il ses préparatifs de départ, intérieurement satisfait de voir se terminer un exil hérissé de dangers sans avoir aucun des bénéfices de la situation.

C’en était fait de la colonie ; mais heureusement partout où se trouve une réunion quelconque de Français, lorsque l’homme indispensable disparaît, il en surgit immédiatement un autre qui, poussé par les circonstances, se révèle tout à coup au grand étonnement de ses compagnons et souvent au sien propre.

Cette faculté précieuse, notre nation seule la possède, c’est elle qui nous a sans cesse sauvés dans les positions les plus critiques de notre histoire, et nous a maintenus malgré les plus terribles péripéties au premier rang des peuples modernes ; là est tout le secret de notre force et de notre influence.

Parmi les colons de Guetzalli, se trouvait un jeune homme âgé de trente ans à peine, doué d’une imagination ardente et d’une intelligence peu commune ; ce jeune homme, nommé Charles de Laville, avait quitté l’Europe, emporté plutôt par une certaine inquiétude de caractère et une secrète curiosité, que