Page:Aimard, Auriac - Les Pieds fourchus.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

94
LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

moins, voyant dans les yeux du jeune homme une intention conciliatrice, il se prêta de bonne grâce à faire la paix.

— Je crois, sir, dit-il, que sous la latitude dont il s’agit, le rendement d’un arbre ne doit pas excéder deux pounds (livres).

— Pas plus que ça ! interrompit le Brigadier ; comment, farceur ! ici on tire jusqu’à six pounds par pied de bonne venue comme ceux que nous voyons. Tu le sais bien, Iry.

Le maître d’école fit un signe affirmatif.

— Et cette année je gage qu’on passera six. Qu’en penses-tu, Iry ?

— Je le crois, jamais saison ne fut plus favorable ; je n’avais, aussi, jamais vu tant de cabanes et de fourneaux.

— Oui vraiment ! j’en suis épaté.

Frazier, à ce mot, partit d’un gros éclat de rire, et la cordialité régna sans le moindre nuage.

Midi était arrivé ;… l’heure du dîner lorsqu’on était au logis : le Brigadier n’eut garde de l’oublier. Après avoir réuni tous les joyeux convives, y compris les chiens, il plongea les mains sous les couvertures, dans les mystérieuses profondeurs de son traîneau, et en retira toute une car-