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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

surface qu’après s’être ouverte une voie souterraine. Le vieux Watch ne partageait point ces idées folâtres, et gardant son sérieux d’une façon imperturbable se réservait pour les grandes occasions.

On courut vaillamment pendant près d’une heure sur la lisière des grande bois, mais bientôt il fallut traverser des fourrés presque impraticables. La neige amoncelée et moutonnante comme les vagues de la mer opposait aux chevaux de continuels obstacles qui les faisaient souvent culbuter entraînant avec eux les traîneaux. Mais tout l’équipage était bientôt remis sur pied et la course continuait avec une nouvelle ardeur.

Il ne faisait presque pas de vent ; mais le froid était rude ; il gelait à pierre fendre. Tous les érables à sucre avaient leurs écorces largement crevassées ; c’était un temps favorable pour la récolte du sucre. Seulement les gelées extraordinaires qui venaient de se déclarer avaient arrêté tous les travaux ; les chasseurs aperçurent, sur leur route, de nombreux établissements forestiers abandonnés, demi-ensevelis sous la neige ; les nombreux fourneaux, marmites, chaudrons