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LES PIEDS FOURCHUS

bat intérieur, il releva vivement son capuchon et donna une claque sur la cuisse du mauvais plaisant, si fort qu’il en ressauta. Le Brigadier prit un air embarrassé, personne ne dit mot et un silence de mort régna pendant que les chevaux, blancs d’écume et de givre, soufflaient au sommet d’une rude côte.

Burleigh et l’Oncle Jerry se regardèrent à la dérobée cherchant à comprendre ce que tout cela voulait dire, et ne sachant comment concilier le mutisme préalable et la grossière loquacité actuelle des deux voyageurs.

Néanmoins, ce petit incident n’eut pas de suites, et jamais partie de chasse ne fut plus joyeuse, plus bruyante, plus animée ; il y avait quatre traîneaux attelés chacun de trois chevaux, et de nouvelles recrues vinrent s’y joindre avant qu’on eût quitté les bords de la rivière. Les petits chiens étaient exaspérés d’ardeur ; ils sentaient la poudre et comprenaient très-bien qu’il s’agissait de quelque gibier solennel, plus important que l’ours, le loup, ou le renard, voire même le cariboo. Aussi quels bonds ! quelles culbutes ! parfois la meute entière disparaissait sous la neige trépignée trop étourdiment, et ne reparaissait à la