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LES PIEDS FOURCHUS

de la matrone, car lorsque la lourde porte fut retombée avec bruit, et que la bande joyeuse fut à quelques pas, la vieille femme joignit ses mains en secouant la tête et s’écria :

— Voilà, voilà encore un mystère ! Cet Iry Burleigh sait tout ! Il est au fond de tout çà…

Elle s’arrêta court en apercevant près d’elle Lucy qui suivait de l’œil le départ des chasseurs.

— Pourquoi avez-vous jeté un cri tout-à-l’heure, Lucy Day… ? pourquoi cette pâleur ? Il n’y a aucun danger à la chasse du moose, pour un homme qui s’y entend. Allons ! allons ! enfant, du courage.

Lucy essaya vainement de sourire ; ses yeux humides, sa main crispée froissa le papier caché dans sa poitrine, elle ne répondit rien.

— Allons ! au rouet, mignonne ! continua la vieille femme ; voilà le moment d’entamer quelque vieille complainte comme vous savez si bien en chanter, travaillons.

— Oui, Tante !

Une minute plus tard elle était assise devant son petit rouet, et filait avec une fièvreuse activité, comme si c’eût été là son unique souci.

Après un court silence qu’interrompaient seule-