Page:Aimard, Auriac - Les Pieds fourchus.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

62
LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

— Père ! dit-il d’une voit rauque, père ! on a besoin de vous.

— Pourquoi ? Où ?

— Hors de la cour des vaches, tout près des clôtures.

— On croirait qu’il a rencontré un esprit, murmura Lucy en s’adressant à l’étranger le plus proche d’elle. Mais au lieu de lui répondre par un sourire comme elle s’y attendait, ce dernier regarda Luther et devint sérieux : ensuite se penchant vers son compagnon, il lui parla bas et tous deux lancèrent au vieillard un regard dont l’expression fit frémir Lucy.

— Allons, père, allons ! reprit impatiemment Luther ; nous n’avons pas de temps à perdre pour voir ce que je veux montrer ; cela aura disparu avant notre arrivée, si nous ne nous pressons pas.

Le vieillard s’élança avec la promptitude d’un jeune homme ; Luther le mena à la cour des vaches, derrière la palissade, à l’endroit où Liddy avait vu l’apparition : là Luther s’arrêta, tremblant, les yeux dilatés, et, ne pouvant parler, montra du doigt sur la neige, la profonde empreinte d’un large pied fourchu.