– C’est pitié, Iry, continua le Brigadier, que tu ne saches pas jouer ; toi dont le père était de première force.
Le maître d’école sourit.
– Peut-être pourrais-tu faire une petite partie, si je te rendais un pion ou deux ; hein ?
– Non, merci. Je ne reçois jamais de tels avantages : si je joue c’est au pair.
– Oh ! oh ! répliqua le vieillard ; je t’entends, tu aimes l’égalité, hein !
Et il tira l’échiquier à lui pour y placer les pions, tout en souriant malicieusement. Master Burleigh se plaça vis-à-vis de lui avec un sérieux imperturbable ; la partie commença.
Mais après quelques coups, le Brigadier qui, d’abord, avait joué négligemment, se mit tout-à-coup à hésiter ; au contraire, son adversaire, après avoir méticuleusement serré son jeu, était arrivé à s’emparer du milieu de l’échiquier ; dès-lors il marcha rapidement, serrant de près le Brigadier, sans lui laisser le temps de respirer.
De leur côté, la Tante Sarah et Lucy avaient entamé à voix basse une conversation qui s’animait au fur et à mesure que le jeu captivait les deux partenaires.