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LES PIEDS FOURCHUS

bord du lit ; tous affectaient d’être plongés dans un profond sommeil, ronflant, soufflant à qui mieux mieux. Ils s’étaient fourrés dans le premier lit venu, dans leurs plus bizarres accoutrements : le plus jeune, vêtu d’une chemise en flanelle jaune avait étalé sur le traversin ses petits talons rouges et humides ; tout en suçant avec ardeur son pouce mouillé, il pétrissait une boule de neige pour en faire un bonhomme ; mais il ne pouvait réussir.

Les filles avaient jeté leur dévolu sur les deux meilleurs lits des plus belles chambres, et s’étaient disposées pour la nuit, en apparence du moins : jupons, casaques, tout était éparpillé sur une commode ; mais, sur les couvertures, on avait façonné sournoisement des tartes, des pâtés, des gâteaux de neige, et on attendait qu’ils fussent cuits pour les manger.

Tout ce joyeux petit peuple ne s’inquiétait guère du vent furieux qui faisait frissonner la maison, gémir les volets, grincer la girouette ; pendant que les grands sapins balançaient leurs longues tiges sifflantes, que la neige brillante argentait montagnes et vallées, chaque enfant était si absorbé dans ses graves manipulations de