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LES PIEDS FOURCHUS

Le vieillard, la Tante Sarah, Lucy Day elle-méme ne causaient que de l’absent.

Chose étrange ! « ce Burleigh » que, présent, elle avait repoussé, Lucy Day, la bizarre jeune fille, Lucy le pleurait jour et nuit, depuis sa disparition. Expliquera qui pourra ces oscillations de certains esprits féminins !… toujours est-il que la mort, en rayant Frazier du nombre des vivants, avait également effacé son souvenir de l’esprit de Lucy.

Quant à la Tante Sarah, elle avait toujours adoré Burleigh ; il était resté, envers et contre tous, son favori.

Les deux femmes, chaudement appuyées par Jerutha Jane Pope proclamaient donc sans cesse l’innocence de master Burleigh. Leur affectueuse obstination à cet égard réconfortait puissamment le Brigadier, qui au fond pensait comme elles.

— Oh ! oui, disait Lucy, remuant à peine ses lèvres pâles, et serrant l’une contre l’autre ses mains froides et tremblantes ; si son bras a tué, c’était pour se défendre : l’autre était dur et hautain… il a été l’agresseur ; je connais master Burleigh, et je sais mieux que vous, Grand-Père,