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LES PIEDS FOURCHUS

à la recherche de son père, le chien fidèle prit un tel élan que son lien fut brisé, et il s’élança en aboyant sur la voie du Brigadier.

Ce bruit subit éveilla les dormeurs :

— Tonnerre ! grommela Joë en se frottant les yeux, et en regardant autour de lui d’un air égaré ; vollà-t-il pas ce damné chien et ses enragés de maîtres qui sont partis pour la chasse. Qu’est-ce qu’il y a encore ? le vieux Mathusalem est toujours sur pied. Bob ! eh ! Bob !

— Bien ! murmura la voix somnolente de Bob ; qu’y a-t-il dans l’air, Joë ?

— Je n’en sais rien ; mais nous ferons bien d’aller voir.

Dès qu’ils eurent fait quelques pas, ils entendirent de nouveau le long et triste hurlement qui leur sembla beaucoup plus proche. Peu après les aboiements de Watch y répondirent ; enfin la voix de Luther s’éleva dans le bois.

— Par ici, messieurs, par ici ! nous voilà, Père !

Les deux Frazier s’élancèrent avec ardeur et arrivèrent presque en même temps que Luther. Au premier coup d’œil ils aperçurent le Brigadier agenouillé près d’un cadavre étendu sur la neige ; à ses côtés Luther debout semblait pétrifié