Page:Aimard, Auriac - Les Pieds fourchus.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

202
LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

Ils marchèrent en silence jusqu’au plus prochain campement, allumèrent leur feu, et firent un glorieux souper de moose, puis, ils se couchèrent. Seul le Brigadier ne put s’endormir : après s’être agité vainement dans son lit jusqu’après minuit, il se leva, ranima le feu et s’assit à côté du foyer sur une grosse pierre. Sa rêverie fut bientôt troublée par les mêmes sons plaintifs et lointains que le vent de la nuit apportait par intervalles.

Poussé par une invincible curiosité, le vieillard prit son fusil et s’avança dans la direction de la voix mystérieuse. La clarté des étoiles scintillant dans un ciel glacé suffisait pour guider sa marche aventureuse. Au bout de quelques minutes il distingua le hurlement d’un chien ; peu à peu les sons se rapprochèrent ; il n’était plus qu’à un mille à peine de l’objet de ses recherches.

Cependant Luther, ne voyant pas revenir son père, s’était levé pour monter sur une éminence d’où il pouvait voir assez loin dans les environs ; aux mouvements de son jeune maître, le vieux Watch, déjà inquiet, se débattit pour rompre sa corde ; puis s’apercevant que Luther s’éloignait