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LES PIEDS FOURCHUS

tourmenté d’inquiétude il dévorait l’espace, emporté par la bonne jument grise, qui était la première trotteuse de tout le pays.

Il ne s’arrêta qu’en vue de la grande-maison : il rajusta ses vêtements, visita son fusil qu’il avait rejeté en bandoullière sur son épaule, et se demanda ce qu’il fallait faire.

Il faisait noir, si noir qu’il ne pouvait distinguer sa montre dans sa main : néanmoins, convaincu que, depuis longtemps, tout le monde était couché, il hésitait à pénétrer dans le logis, au risque de déranger toute la famille, et se disposait à conduire la jument près de quelque meule de foin et à s’y installer jusqu’au jour, comme le faisait souvent plus d’un voyageur.

Pendant qu’il délibérait avec lui-même, un filet de lumière passa au travers du volet de la cuisine ; un instant après un murmure se fit entendre à côté de lui et une main se posa sur son bras. Il recula vivement et ses cheveux se dressèrent sur sa tête.

— Hush ! Hush ! souffla une voix très-basse.

— Qui est là ? qui êtes-vous ? demanda-t il brusquement.