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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

ceaux. La poursuite recommença : le vieillard essaya de lui lancer son chapeau ; le vent l’emporta loin du but.

Les chiens soufflaient le poil à la bête, et se ruaient sur elle comme un ouragan, sans même attirer son attention. Le moose ne voyait que l’homme qui l’avait blessé.

Enfin, le Brigadier fit un faux pas, et tomba abouché dans la neige, sans pouvoir se relever, embarrassé qu’il était par ses raquettes.

Cependant le vieux brave ne perdit pas la tête, il savait que Burleigh était proche ; il venait d’entendre les aboiements du vieux Watch ; des secours ne devaient pas tarder à arriver. Au moment où l’énorme quadrupède se cabrait pour le fouler aux pieds, il se jeta vivement de côté et esquiva ainsi le choc mortel de ses sabots fourchus. En retombant, l’animal, par son poids, s’enfonça lourdement dans la neige jusqu’aux oreilles, si profondément que l’un de ses andouillers vint se coucher sur la glace tout près du vieillard : ce dernier saisit la corne à deux mains et y resta suspendu. À ce moment Watch arrivait ; d’un bond furieux il s’élança à la gorge du