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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

poir que les chiens, toujours en chasse, leur ramèneraient peut-être le gibier.

— Général, dit le maître d’école à l’Oncle Jérémiah, lorsqu’ils se trouvèrent seuls ; comment vous trouvez-vous ce matin ? vous semblez pâle.

— Tu crois, Iry ? j’ai plutôt les jointures raides, autant que j’en puis juger. Je ne suis plus ce que j’étais il y a vingt-cinq ans ; j’espère néanmoins être digne de moi jusqu’à la fin.

— Comment avez-vous dormi ?

— Pas trop bien ; je n’avais jamais tant souffert du froid. La fougère et la feuillée de sapin sont de malheureux manteaux.

— Vous ne semblez pas dans votre assiette ordinaire, général. Nous ferions bien de laisser la chasse et de retourner au campement.

— Nous ! reculer ! abandonner la partie si belle ! tourner les talons après une misérable campagne de trois jours ! Et pourquoi ? s’il vous plait ; pour qui me prenez-vous ?

— Pour qui vous êtes, sir ; un homme qui en vaut dix mille, même à votre âge.

— Bien ! bien ! Iry ; je ne vaux pas plus que mon pareil ; et s’il faut dire vrai, je ne suis pas