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LES PIEDS FOURCHUS

— Quels préparatifs ?

— Eh bien ! il va se coucher sachant bien qu’il dormira tranquille : faisons en autant que lui.

— Vous avez de fameux yeux, général ! Je n’aperçois rien, si ce n’est un vieux tronc d’arbre ; et encore je ne suis pas sûr.

Le jeune homme avait une bonne raison pour ne pas voir, il regardait dans une direction tout à fait opposée ; il fallut que le Brigadier le prit par les épaules et pointa avec la mire du fusil, pour amener ses yeux dans la bonne ligne. Alors il fut convaincu, et remarqua même les mouvements de l’animal.

Chacun se mit à l’œuvre pour préparer le coucher : on creusa un trou dans la neige, on y empila des fougères, des ramilles de cèdre, de la mousse prise aux branches des sapins. Ensuite, les trois chasseurs s’y blottirent étroitement serrés l’un contre l’autre.

– Général ! dit Frazier, prenez mon manteau, voulez-vous ?

Le Brigadier refusa et dit avec un orgueilleux mouvement de tête :

— Je ne suis plus un jeune homme, il est vrai ;