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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

— Certainement ! mais voici la nuit, il s’agit de camper.

— Ici ! à présent ! tonnerre ! s’écria Frazier ; en vue du gibier… ? que nous n’avons rien à nous mettre sous la dent pour souper… ? sans abri contre le froid… ? Malepeste ! nous aurons fait une belle fin de journée ! Nous serions de fameux niais si nous ne prenions pas garde que le thermomètre est à un demi-mètre en dessous de zéro.

— Il en sera pourtant ainsi, répliqua froidement Burleigh ; il n’y a plus rien à faire ce soir : demain, par exemple, je vous promets de tuer un moose. Pour aujourd’hui nous ferons comme nous pourrons : nous nous coucherons serrés les uns contre les autres ; des fougères, des broussailles de sapin nous serviront de matelas et de couvertures ; une tranche de salaison, un œuf dur feront notre souper.

— Vous vous croyez bien sûr de votre affaire pour demain, observa Frazier d’un air mécontent ; je ne parierais pas pour vous, moi, car j’ai mes pressentiments ; ils ne sont pas favorables.

— Enfant ! vous ne voyez pas que le gaillard fait ses préparatifs pour la nuit.