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LES PIEDS FOURCHUS

— C’est marcher ayant le vent en face, mon garçon, expliqua le Brigadier.

— Autrement, poursuivit le maître d’école, vous ne réussirez jamais à le joindre, il vous éventerait bien longtemps avant que vous pussiez l’apercevoir.

— Encore quelque chose à dire ?

— Plus qu’un mot : quand nous serons séparés, vous serez exposés à vous perdre dans les bois ; pour vous guider, prenez d’avance vos points de repère, consultez la mousse sur les arbres, les pentes de la chaîne montagneuse, l’étoile polaire lorsque vous pouvez la voir, comme maintenant ; vous pourrez ainsi rabattre droit sur le campement. Le premier qui trouve une trace, ou qui remarque des arbres écorcés, doit en donner avis aux compagnons le plus diligemment possible.

— Comment ? en tirant un coup de fusil ? demanda Bob Frazier.

— Mais non ! mais non ! sur votre vie, sir ! une fois sur la piste du moose il ne faut plus s’occuper que de la suivre, sans se détourner d’un pas, sans jeter un cri, sans souffler, pour ainsi dire ; il faudrait marcher en l’air sans rien