Page:Aimard, Auriac - Jim l’Indien.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les plus variées : le spéculateur froid et calculateur dont les yeux brillaient d’admiration lorsqu’ils rencontraient la grasse prairie au riche aspect, et les splendides forêts bordant le fleuve ; le Français vif et animé ; l’Anglais au visage solennel ; le pensif et flegmatique Allemand ; l’Écossais à la mine résolue, aux vêtements bariolés de jaune ; l’Africain à peau d’ébène, une marchandise de contrebande, comme on dit maintenant ; — tous les éléments d’un monde en miniature s’agitaient dans l’étroit navire, et avec eux, passions, projets, haines, amours, vices et vertus.

Sur l’avant se tenaient deux individus paraissant tout particulièrement sensibles aux beautés du glorieux paysage déployé sous leurs yeux.

Le premier était un jeune homme de haute taille, dont les regards exprimaient une incommensurable confiance en lui-même. Un large Panama ombrageait coquettement sa tête ; un foulard blanc, suspendu avec une savante négligence derrière le chapeau pour abriter le cou contre les ardeurs du soleil, ondulait moëlleusement au gré du zéphir ; une orgueilleuse chaîne d’or chargée de breloques s’étalait, fulgurante, sur