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citer des soupçons, s’il venait à être aperçu : le risque était d’autant plus grand, qu’avec les bruits de guerre sauvage qui commençaient à circuler, Wontum avait toute chance d’être pris et passé par les armes dans la même minute, à titre d’espion ou de maraudeur nocturne.

Cependant le rusé coquin arriva sans mésaventure jusqu’à la porte du Fort. Elle était fermée et sa massive membrure de chêne opposait une barrière infranchissable. Devant était un factionnaire languissamment appuyé contre la muraille, son fusil à côté de lui.

— Voilà un homme qui serait bien facile à égorger, sans bruit et sans peine, pensa Wontum.

Tout en songeant ainsi, et cherchant le parti qu’il allait prendre, il caressait son couteau de la main ; l’instinct farouche du meurtre lui montait au cœur, la sentinelle courait sans s’en douter un danger mortel.

Tout à coup la porte s’ouvrit avec un bruit sourd, un peloton de soldats apparut ; on venait relever le factionnaire. Ce dernier, réveillé en sursaut, sauta sur son fusil et présenta les armes ; puis, tous les militaires se groupèrent pour échanger la consigne et le mot d’ordre.